Nathalie Royer aux Mots de Minuit

À fleur de peau, peut-être une manière de commencer à cerner la personnalité de cette comédienne et metteuse en scène qui porte à Avignon deux spectacles du Off. L’un fait de solitude et de “trop-dit” paternel, l’autre surmultipliant la dimension foutraque de Georges Feydeau et de son dindon.

Répéter trois-cent-douze fois “Comme disait mon père” dans un spectacle d’une heure complique l’apprentissage d’un texte et multiplie les occasions de trébucher sur les plus de trois-cent-douze phrases qui suivent et qui disent le compliqué des rapports parents-enfant quand le paternel sentence à tour de bras et que le maternel reste coi devant cette dictature langagière. Natalie Royer ne trébuchera pas. Elle dit ici avoir sa mnémotechnique. Mais rien d’étonnant tant sa soif évidente et électrique du toujours mieux faire affleure.

“La comédienne murmure, elle crie, elle hésite, elle est dans l’émotion ou la pudeur, l’invective ou la douceur. Elle paie de sa personne.” Télérama. © photo: Franck RoncièreComme disait mon père : Créé au Théâtre de la passerelle à Limoges en décembre 2017
Texte : Jean Lambert-Wild, Mise en scène : Michel Bruzat, Jeu : Natalie Royer
Avignon Reine Blanche jusqu’au 26 juillet 2019.

 

Dans l’après-midi, on la retrouve sur les marches du Hangar de La Scierie, autre salle avignonnaise, un micro à la main, à diriger une joyeuse bande de 7 multi-personnages qui jouent à jouer dans Ding Dong, une démesure du Dindon de Feydeau, autre spectacle produit par RBD productions/ Les Déchargeurs. Tex Avery n’est pas loin. “Speedy” est d’ailleurs l’un des mots de ce Mot à mot 😉

“Mettre les acteurs au centre. Jouer à jouer Le Dindon de Feydeau. Pourquoi Feydeau? Parce-que son univers de méprise permanente et le désordre qu’il autorise m’intéressent. Pourquoi Le Dindon? Parce que ce vaudeville s’aventure dans les méandres de la folie (et ça c’est passionnant à travailler).
Nous allons partir de la version filmée en 1969 et jouée par les comédiens de la Comédie-Française. Ce sera notre base. Il s’agit dans un premier temps, de reproduire cette version de 1969 avec les signes du décor de l’époque et les conventions théâtrales du moment. Reproduction vocale et reproduction corporelle. J’aime passionnément le jeu et le rythme des acteurs de cette version. La théâtralité viendra de ce que cette imitation de style et cette imitation de rythme produira dans le corps des comédiens d’aujourd’hui. ” Natalie Royer (note de mise en scène)

Natalie Royer pendant la pièce surveille, comme le lait sur le feu, les comédiens. Elle présente au micro les rôles, intervient pour quelques disdascalies sonores, accessoirement connaît le texte par cœur. Au total, un joyeux délire et un Feydeau surmultiplié !

On peut associer à Natalie Royer l’interprétation des textes de Franz Kafka, Thomas Bernhard, Didier Georges Gabily, Marivaux, Jean-Luc Lagarce, Maurice Maeterlinck, Shakespeare, Samuel Beckett, Rainer Werner Fassbinder, Marguerite Duras ou Jon Fosse…
Et la mise en scène de ceux de Sophie Lannefranque, Roberto Cossa et de … Georges Feydeau… C.Q.F.D….

 

Mot à mot
Réalisation: Quentin Herlemont
Rédaction en chef : Rémy Roche
Coordination : Marie-Odile Regnier
Entretien : Philippe Lefait

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