Je ne pense pas que les émigrés soient un problème d’aujourd’hui. C’est un problème d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Il faut vivre avec. Or, le théâtre, c’est la voix du peuple. C’est son expressionla plus claire, la plus audible, sans arrière-pensée, sans intérêt politique ou économique. C’est la raison pour laquelle j’ai monté cette pièce. Les comédiens, l’assistant à la mise en scène et moi-même connaissons cette histoire. Pas uniquement celle que nous raconte Slavomir Mrozek, mais bien d’autres aussi. La nôtre. Les nôtres. Il a fallu creuser dans la profondeur de cette histoire, dont je crois qu’elle est le testament de Mrozek. Une histoire ne se raconte jamais deux fois de la même façon, même si la forme, le déroulé restent les mêmes. Les deux comédiens sont face à vous, tout près de vous, dans un décor très simple. Tout paraît banal, et cette simplicité, cette banalité effacent la différence entre nous et un émigré.

Imer Kutllovci