Physicien français
(1872-1946)
Marie Curie avec Paul Langevin.
Albert Harlingue/ Roger-Viollet
Biographie
Né après la Commune, dans une famille républicaine, Paul Langevin entre à 16 ans à l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de Paris. Il suit les cours de Pierre Curie qui lui conseille de s’orienter vers la recherche et l’enseignement plutôt que vers un métier d’ingénieur.
Reçu premier à l’Ecole normale supérieure en 1894 et lauréat du concours d’agrégation des sciences physiques en 1897, il obtient une bourse pour travailler pendant un an dans un prestigieux laboratoire de physique à Cambridge.
En 1902, il devient docteur ès-sciences de la Faculté de sciences de Paris. En 1904, il fait un rapport sur la physique des électrons. L’année suivante, depuis la Tour Eiffel et l’Observatoire du Pic du Midi, il mène des expériences sur les ions de l’atmosphère.
Après le décès de Pierre Curie, en 1906, il le remplace au poste de professeur d’électricité générale à l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de Paris. Il deviendra directeur de cette école en 1925, un poste qu’il conservera jusqu’à sa mort.
Il est nommé professeur de physique générale et expérimentale au Collège de France en 1909.
Paul Langevin est lauréat de la médaille Hughes en 1915, et, à partir de 1920, il dirige le Journal de Physique et du Radium. En 1931, il participe au 4e cours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands.
À cause de ses opinions antifascistes, il est incarcéré le 30 octobre 1940 par la Gestapo à la prison de la Santé. Il est libéré quarante jours plus tard et assigné à résidence à Troyes, qu’il quitte clandestinement en mai 1944 pour rejoindre la Suisse.
Il décède le 19 décembre 1946. Ses cendres sont transférées au Panthéon, à Paris, en 1948.
Ses travaux
La théorie du magnétisme publiée en 1905
Après sa thèse sur l’ionisation des gaz, les premiers travaux de Paul Langevin portent sur la nature microscopique du magnétisme. Par sa théorie sur le magnétisme, publiée en 1905, il participe à l’avènement de la physique moderne. Ses travaux sur le magnétisme lui valent la médaille Copley en 1940.
L’équation de Langevin
En 1908, il propose une équation qui passe à la postérité sous le nom d’équation de Langevin, pour décrire la marche aléatoire des particules en suspension dans un liquide, que l’on appelle généralement mouvement brownien.
La relativité restreinte (paradoxe des jumeaux)
En 1906, Paul Langevin prend connaissance de la théorie de la relativité restreinte d’Einstein et devient le promoteur de cette nouvelle théorie en France.
En 1910, il enseigne pour la première fois, la relativité dans ses cours au Collège de France. Il est l’auteur du paradoxe des jumeaux, expérience de pensée mettant en évidence les effets de la relativité restreinte, qu’il présente au congrès de Bologne et à la Société française de philosophie en 1911.
En 1922, il invite Einstein au Collège de France pour une série de conférences sur la relativité.
Mise au point du sonar pendant la guerre de 14-18
Pendant la Première Guerre mondiale, Paul Langevin met au point, avec l’ingénieur Constantin Chilowski, le sonar destiné à détecter les sous-marins grâce à la réflexion des ondes ultrasonores. Il est utilisé par la marine de guerre pour détecter les sous-marins et les mines. Il est utile aussi pour la pêche ainsi qu’en navigation pour mesurer la profondeur.
Des États-Unis, Einstein tente d’intercéder pour Langevin incarcéré par la Gestapo :
« L’ambassadeur William C. Bullitt m’a informé que le cas de mon distingué collègue et ami, le professeur Paul Langevin à Paris, était actuellement étudié par votre comité. Le professeur Langevin est sans aucun doute l’un des plus grands physiciens français vivants ; ses contributions à la physique moderne sont du plus grand intérêt. Ses mérites en tant qu’enseignant ne sont pas moins éminents ; les plus brillants physiciens français de la jeune génération se sont formés sous sa direction. Le professeur Langevin est un grand humaniste et a toujours combattu l’injustice et le fascisme. Il a besoin et mérite amplement qu’on lui offre un statut de réfugié dans ce pays [les États-Unis]. »