Dépendances, c’est avant tout une histoire de famille ; la cellule première de l’humanité. Plus exactement, une affaire de fratrie. Il est ici question de cette obligation sublime du sang, de ce mystère en permanence bousculé par le froid et le chaud, qui aspire tout, même la raison, même ce qu’on appelle l’âge adulte. Du début à la fin, la pièce porte cet amour beau et intenable fomenté par les jeux et les bagarres de l’enfance. Si Henri et Tobias étaient des amis, ils se sépareraient. Mais ils sont frères, ce qui maintient une porte pour toujours entrebâillée sur des vérités qu’on est obligés de regarder en face, sur ces autres qu’on doit se traîner toute une vie, et qui sont comme un reflet de soi dans la glace. Ainsi, dans ce dispositif ramassé, l’enjeu est de mettre à jour les joies d’antan et les blessures enfouies pour mieux réhabiliter le lien fraternel. Et pouvoir formuler un amour inaltérable.

Charif Ghattas