Critique Télérama: “A 90 degrés”, l’ivresse des profondeurs

A 90 degrés, mise en scène Frédérique Keddari-Devisme.
Elizabeth Mazev est bouleversante dans cette descente aux enfers d’une mère de famille alcoolique, usée jusqu’à la corde par les désillusions.

Nichée au cœur d’une blanche chapelle, sa petite chambre évoque celle de Van Gogh à Arles. Elle y apparaît en pyjama, négligée ; aussi paumée et proche de la folie que le peintre néerlandais sans doute, et comme lui aspirant au suicide. Dans le lit défait, l’amant absent a été remplacé par un polochon ; et s’empilent sur le sol les bouteilles d’alcool ou de parfum. Pour calmer sa solitude, Marthe boit n’importe quoi. Elizabeth Mazev incarne sans pathos cette mère de famille rompue par les défaites, les renoncements, usée par les désillusions. Et c’est cela qui est fort et beau : cette banalité dans la descente aux abîmes, cette femme ordinaire aux prises avec des démons ordinaires. Et vite exclue. Si le monologue, trop explicatif, démarre lentement, la comédienne le chahute de sa seule présence, étrangement pleine de vie. Et rend bouleversante Marthe l’alcoolique.

 

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