L’AUTRE FILLE
ANNIE ERNAUX / MARIANNE BASLER / JEAN-PHILIPPE PUYMARTIN
RÉSUMÉ
de la pièce
Annie Ernaux adresse une lettre à sa soeur disparue deux ans avant sa naissance, morte à six ans, emportée par la diphtérie. Cette soeur dont elle découvre l’existence passée en entendant les bribes d’une conversation entre une cliente et sa mère dont les paroles “ Elle était plus gentille que celle-là ” se gravent à jamais dans sa mémoire. Elle, l’enfant vivant, dormira dans le lit de la soeur disparue, son cartable deviendra le sien, elle mettra ses pas dans les siens. Au fil de son existence, elle se construit contre elle, entre réel et imaginaire, au gré des objets, des photos, des paroles échappées. Annie Ernaux interroge ici le pourquoi du silence et son propre désir d’adresser cette lettre à sa soeur disparue.Marianne Basler sera cette voix, précise et douloureuse, attentive et consolante.
NOTE
De la co-metteur en scène interprète
Toute famille se construit sur des absences, des disparitions, des silences, des secrets. Interroger ce que l’absence d’un être a provoqué sur la construction de toute une famille, est pour moi, passionnant. Après ma lecture publique de L’autre fille, il m’a semblé essentiel de prolonger l’aventure, de l’accompagner dans le temps, d’entreprendre un travail sur le la lumière et les sons qui viendront soutenir le vertige des silences, de l’indicible et de l’absence. L’autre fille est pour Annie Ernaux, l’un de ses textes les plus intimes. Ce récit fait pour moi écho à un autre récit enfoui lui aussi, de mon histoire familiale. Et il me semble que dans chacun de ses textes, Annie Ernaux dévoile un « événement » de notre vie personnelle et collective. J’éprouve une forme de reconnaissance envers l’auteure d’avoir pu mettre en mots si justes, si décapés, son histoire, pour nous permettre d’aller à la rencontre de la nôtre. C’est pour chacun de nous, un travail d’excavation, de retour à une mémoire ancienne, oubliée et retrouvée. Annie Ernaux dit qu’elle a écrit ce texte « parce qu’elle devait le faire et ignorait qu’elle devait le faire ». Mes raisons de porter L’autre fille, à la scène sont les mêmes : Je dois le faire.
Marianne Basler
NOTE
De mise en scène
Ce que j’imagine dans l’expérience de la représentation théâtrale de L’autre fille, c’est la possibilité d’accompagner le spectateur au coeur de ce que l’acte d’écriture renferme de plus intime, de plus secret. C’est pouvoir lui donner le sentiment d’assister à la naissance, à l’élaboration, à l’organisation de la pensée d’Annie Ernaux, au travail actif de sa mémoire. Lui donner accès à l’écriture « vivante » de cette lettre à sa soeur. Comme un voyeur, que seules la pénombre du théâtre et la convention du quatrième mur autorisent à être là, le spectateur se trouve plongé dans le lieu même de la création, ce petit bureau où l’auteure s’enferme pour écrire. Marianne Basler qui incarne ici avec tout son talent la parole d’Annie Ernaux, est là face à nous dans un décor très simple : Une table, une chaise, une porte (porte close qui semble ne pouvoir s’ouvrir que sur le passé). En dehors de ces trois éléments, rien qui puisse freiner cette plongée « immatérielle » dans l’écriture. L’actrice exprime tout à la fois avec intensité et sobriété la pensée intime de l’auteure, son questionnement à cette soeur morte qu’elle n’a jamais connue et ce travail constant de mémoire, solitaire, intensif, obsessionnel. La lumière accompagne les mouvements les plus intimes de la pensée de l’auteure et recrée dans ce petit bureau tous les espaces auxquels son imagination fait appel. Mais c’est surtout par le traitement des sons que l’actrice fera naître et dont elle s’entourera que nous entrerons de plain-pied dans cette histoire. Les différents niveaux de sa voix d’abord : sa voix intérieure, voix off qui nous enveloppe en susurrant parfois ses pensées les plus sourdes. Sa voix en forme de dialogue sans réponse, quand elle s’adresse à cette soeur disparue bien avant sa naissance. Sa voix de réflexion, d’introspection. Sa voix plus directe quand elle s’adresse à nous et nous prend à témoin de son histoire, de ce moment de la vie d’Annie Ernaux. Et tous les sons qui semblent surgir de la mémoire de l’auteure, de son enfance, des années 50. Les chansons que sa mère lui chantait quand elle était petite. Des bribes de cris d’enfants qui se mêlent aux cris des mouettes de sa Normandie. Quelques notes égrenées au piano…. l’écho lointain et obsédant de toutes ces phrases, ces mots qui ont marqué à jamais son existence.
Jean-Philippe Puymartin
EXTRAIT
Peut-être que j’ai voulu m’acquitter d’une dette imaginaire en te donnant à mon tour l’existence que ta mort m’a donnée. Ou bien te faire revivre et remourir pour être quitte de toi, de ton ombre. T’échapper. Lutter contre la longue vie des morts. Evidemment, cette lettre ne t’est pas destinée et tu ne la liras pas. Ce sont les autres, des lecteurs, aussi invisibles que toi quand j’écris, qui la recevront. Pourtant, un fond de pensée magique en moi voudrait que, de façon inconcevable, analogique, elle te parvienne comme m’est parvenue jadis, un dimanche d’été, la nouvelle de ton existence par un récit dont je n’étais pas non plus la destinataire
Pour tout renseignement :
Sabine Dacalor (Directrice de production) |
Carine Ekon (chargée de production) |
DISTRIBUTION
Participants et partenaires
Texte: Annie Ernaux
Paru aux Editions Nil
Mise en scène: Jean-Philippe Puymartin, Marianne Basler
Lumières: Franck Thévenon
Musique: Vincent-Marie Bouvot
Collaboration artistique: Elodie Menant
Jeu: Marianne Basler
Production Reine Blanche Productions
Crédit Photos : Julien Piffaut
Pour RB|D Productions
| Spectacle-SNES
DIFFUSION
Décor et Régie
Equipe :
1 interprète
1 administrateur
1 régisseur
Voyages / Hébergement / Repas :
3 chambres
2 voyages transport SNCF
1 camion de transport décors
Repas, petits déjeuners et catering pour 3 personnes
Observations techniques :
Arrivée du technicien à J-1 et l’équipe artistique accompagnée de l’administrateur à J
Plateau :
Volume estimé : 12m3
ouverture souhaitée : 6m
profondeur souhaitée : 6m
hauteur souhaitée : 6m