Pour Dubuffet, l’Art Brut concerne « des ouvrages réalisés par des personnes indemnes de culture artistique ». « C’est l’art à la naissance de l’art, l’art à l’état brut », comme le formule la comédienne Anouk Grinberg ; et l’on peut le trouver notamment dans les prisons, aux franges de l’art populaire, dans les graffiti des rues, mais aussi dans les hôpitaux psychiatriques… En effet, pour Dubuffet : « Il n’y a pas plus d’art des fous que d’art des dyspeptiques ou des malades du genou. »
« L’art ne répare pas de la perte, il lui répond.
On connait de l’Art Brut la peinture, la sculpture, des installations géniales, mais on ne connait pas les ‘‘Textes Bruts’’. Ce sont le plus souvent des lettres d’hommes et de femmes que la famille ou la société avaient enfermés : quelques-uns étaient malades, mais d’autres étaient juste bizarres comme vous et moi, et ont passé des années dans des asiles, parfois leurs vies entières, sans comprendre pourquoi.
Mis hors du monde, ils voulaient qu’on ne les oublie pas, alors ils ‘‘parlaient par-dessus le mur’’, envoyant à leurs proches ou aux directeurs des institutions des lettres, des supplications, des poèmes, des signes stridents de vie. Mais rien de tout ça n’a été lu, les services médicaux considéraient sans doute que ces gens n’étaient pas à entendre, et n’avaient pas droit de cité…
Or ces textes sont du pur art. Du pur ‘‘jus de vivre’’. […]
Aucun de ces auteurs ne savait qu’ils créaient quelque chose de grand ; mais nous, aujourd’hui, nous le savons. Il n’y avait chez eux aucune prétention artistique, mais il y avait la nécessité vitale de respirer, échapper, inventer, faire face.
Et alors c’est l’art à la naissance de l’art, l’art à l’état brut.
Beaucoup de grands écrivains reconnus ont rêvé d’écrire avec cette inventivité dans la langue et la pensée, et beaucoup s’en sont même inspirés, sans jamais citer ces maîtres du “hors-piste”.
Dans ce spectacle, ces auteurs sont enfin réunis.
Nicolas Repac a inventé pour chaque texte des musiques qui les mettent en lumière.
Notre vœu constant était de les faire sortir du ghetto de la folie, et d’épouser la vie qu’ils contenaient. »
Anouk Grinberg
Consultez la page du spectacle Et pourquoi moi je dois parler comme toi ?